Quelques définitions

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Santé

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité.
Santé mentale

Pour cette même OMS, la santé mentale est un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté. En français, le terme « santé mentale » prête à confusion car il recouvre aussi bien les aspects intellectuels et cognitifs (déficience mentale) et les aspects liés au psychisme. Dès lors, en Suisse, le terme de « santé psychique » a été retenu.
Santé psychique

Enfin, et toujours pour l’OMS, la santé psychique est le résultat d’interactions dynamiques complexes entre des facteurs biologiques, des facteurs psychologiques ainsi que des facteurs socio-économiques et socioculturels.
La santé psychique n’est pas simplement l’affirmation d’être en pleine forme, bien dans sa peau et performant. Elle englobe également l’acceptation de ses propres faiblesses et limitations ainsi que la faculté de composer de manière constructive avec soi-même.
Elle n’est donc pas simplement la conséquence de dispositions personnelles et d’un comportement individuel.
Outre le sentiment de bien-être, la santé psychique signifie aussi croire à sa propre valeur et à sa propre dignité, et apprécier la valeur des autres.

La santé psychique est un état d’équilibre constamment menacé. La capacité à maîtriser les situations difficiles et le fait de bénéficier d’un soutien émotionnel en cas de crise sont des facteurs qui favorisent la santé psychique.

Troubles psychiques

Déjà au niveau de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un certain flou règne quant à l’utilisation des expressions « troubles psychiques », « problèmes psychiques » et « maladie psychique ».
Quant à l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP), il écrit : « Dans le contexte psychiatrique, on utilise souvent l’expression de « troubles psychiques », qui souligne le dysfonctionnement. La notion de « maladie psychique » renvoie à l’importance et au déroulement de la maladie, au traitement et à la prise en charge de l’individu ».

Entre autres, on considère usuellement comme troubles psychiques la dépression, les troubles anxieux, les troubles bipolaires ou borderline, la schizophrénie, la démence, l’autisme, les phobies, les TOC. Ces troubles sont parfois désignés sous les termes de trouble psychiatrique, trouble mental ou maladie mentale.
Le codage, la classification et le diagnostic des troubles mentaux sont repris dans le manuel DSM-5 établi par l’American Psychiatric Association, au chapitre Spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques.

En adoptant la notion de trouble plutôt que celle de maladie on postule alors que cette dernière peut être une des causes du trouble respectivement une des conséquences de ce trouble sur le(s) comportement(s).

Trouble psychique & handicap psychique

Selon l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), « Les troubles psychiques limitent la capacité de l’individu à fonctionner dans la société. Ils l’entravent dans sa vie quotidienne et peuvent avoir des effets aux niveaux émotionnel, cognitif, interpersonnel, somatique et comportemental. Ils affectent souvent tous les domaines de la vie, diminuent la qualité de vie des malades et de leurs proches, et peuvent conduire au suicide. Les troubles psychiques sont largement répandus. Ils comptent parmi les maladies les plus fréquentes et les plus handicapantes qui soient. »
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : « Est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises. ».

Autant l’OMS définit assez clairement le handicap mental, autant elle ne le fait pas de manière aussi précise au sujet du handicap psychique.

En raison du flou précédemment évoqué, jusqu’à complément ou preuve du contraire, nous adoptons la définition du handicap psychique contenue dans une loi française datant du 11 février 2005, et qui correspond bien, dans son esprit, à ce que nous entendons du handicap psychique, à savoir que :

« Le handicap psychique est caractérisé par un déficit relationnel, des difficultés de concentration, une grande variabilité dans la possibilité d’utilisation des capacités alors que la personne garde des facultés intellectuelles normales. Le handicap psychique est la conséquence directe des troubles psychiques. »

Bien qu’ayant adopté la définition qui précède, nous tenons à préciser que, par « facultés intellectuelles normales », nous entendons des facultés intellectuelles qui se rencontrent dans la majorité des cas.

Tout comme nous considérons que le handicap psychique est un trouble de la relation.

Aide en cas de crise psychique

Une aide apportée à temps protège, favorise et maintient la santé psychique de la personne concernée et celle de ses proches. Il s’agit d’être prêt à agir de manière adéquate face aux possibles crises récidivantes liées à la maladie.

Au centre de cette aide il y a des personnes vulnérables. La stratégie sert à les protéger contre les dommages et à promouvoir, maintenir et rétablir leur santé psychique.

Modèle « vulnérabilité – stress / capacités adaptatives »

Les symptômes de la plupart des maladies psychiques sont considérés comme la conséquence de deux types de facteurs qui se combinent :

Des facteurs de risques représentés par une vulnérabilité biologique et un stress lié à l’environnement.
Des facteurs de protection tels que la présence de médication, de soutien social ainsi que d’habiletés sociales.

L’équilibre entre les facteurs de risque de la maladie psychiatrique et les facteurs de protection détermine l’affaiblissement des symptômes et le développement des capacités adaptatives de la personne.

Rechute

La rechute est la perte de la maîtrise des compétences qui empêche la personne de fonctionner de manière adaptée dans l’environnement concerné. Cette insuffisance nécessite une intervention d’aide plus ou moins rapide et plus ou moins conséquente telle que la mobilisation de personnes ressources, l’intensification du ou des soutiens prosthétiques dans le milieu résidentiel ou professionnel, le renforcement d’un suivi médical, l’hospitalisation, la mise en place de mesures administratives au sens large, ou toute autre disposition.
Rétablissement

Le modèle psychologique du rétablissement adopté se compose de quatre ingrédients essentiels qui sont, l’espoir, la redéfinition de l’identité, la découverte d’un sens à la vie, la responsabilité du rétablissement.

On décrit le rétablissement comme un processus unique, profondément personnel, de changement de ses attitudes, valeurs, sentiments, objectifs, habiletés et / ou rôles. C’est une façon de vivre une vie motivante, pleine d’espoir et participative même avec les limites imposées par la déficience.
Le rétablissement implique le développement d’un nouveau sens et but dans sa propre vie lorsque l’on surmonte les effets catastrophiques d’une déficience. Il désigne ce que font les personnes atteintes d’incapacité.

La volonté et l’engagement à changer sont fondamentaux ; pas la capacité à changer.

Réhabilitation psychiatrique

La réhabilitation psychiatrique désigne ce que font les professionnels pour faciliter le rétablissement.

Le terme « réhabilitation » fait référence à l’attention accordée par le domaine à l’amélioration des habiletés au sein d’un environnement donné ; ceci en analogie à de la réhabilitation physique, par exemple cardio-vasculaire.
Le terme « psychiatrique » décrit le trouble au centre du processus de réhabilitation. Ceci ne signifie pas que le traitement doive être supervisé par des psychiatres ou que l’on doive recourir à des méthodes relevant des traitements psychiatriques.

La réhabilitation psychiatrique consiste à aider les personnes qui présentent des symptômes psychotiques, atteintes d’incapacité psychiatrique, à améliorer leur fonctionnement et leur satisfaction au sein des communautés ou environnements ; en bénéficiant de l’intervention aussi réduite que possible de la part des professionnels.

Pour leur permettre une vie riche et pleine, la réhabilitation psychiatrique comprend deux axes d’intervention principaux :

Un axe d’apprentissage individuel visant à aider la personne à développer ou retrouver des habiletés relationnelles, utilitaires et instrumentales ;

Un axe consistant à aménager les soutiens de son environnement pour compenser les déficiences persistantes, et qualifié de prosthétique.

Le travail de réhabilitation psychiatrique repose sur les huit valeurs clés suivantes :

L’orientation vers la personneMettre l’accent sur l’être humain dans son ensemble, plutôt que sur un diagnostic ou une maladie
Le fonctionnement
Mettre l’accent sur l’accomplissement des activités quotidiennes
Le soutienMettre l’accent sur la fourniture d’assistance aussi longtemps que la personne l’estime nécessaire et souhaitable
La spécificité
environnementale
Mettre l’accent sur le contexte spécifique dans lequel une personne vit, apprend, mène une vie sociale ou travaille
L’implicationMettre l’accent sur l’inclusion des personnes en tant que partenaires à part entière dans tous les aspects de la réhabilitation
Le choixMettre l’accent sur les préférences de la personne tout au long du processus
L’orientation vers les résultatsMettre l’accent sur l’évaluation de la réhabilitation en terme d’incidence sur les résultats pour la personne
Le potentiel de développementMettre l’accent sur l’amélioration de la réussite et de la satisfaction d’une personne, indépendamment des difficultés actuelles de la personne

Difficultés (selon ELADEB) et Besoins

Dans la pratique, le processus de réhabilitation psychiatrique se focalise sur une démarche d’investigation des difficultés et des besoins des personnes atteintes dans leur santé psychique ; tant l’appréciation de la personne elle-même que celle de l’équipe chargée d’apporter l’aide supplémentaire nécessaire sont prises en considération.

Exclusivement en lien avec Eladeb, par difficultés il y a lieu d’entendre les obstacles non résolus actuellement par la personne, et qui lui empêchent, dans les différents domaines de la vie, l’accès à une qualité de vie riche et pleine ;
Par besoins il faut entendre les moyens supplémentaires par rapport à ce qui existe déjà, à mettre en œuvre pour aider la personne à dépasser ses obstacles.

L’évaluation des difficultés et des besoins porte sur divers domaines qui couvrent des aspects pratiques du quotidien (lieu de vie, finances, travail, temps libre, tâches administratives, entretien du ménage, déplacements, fréquentation des lieux publics, droit et justice), de la vie relationnelle et du réseau social (famille, enfants, relations sentimentales, connaissances et amitiés, sexualité), et de la sphère de la santé (alimentation, hygiène personnelle, santé physique, santé psychique, addictions, traitement, spiritualité).

L’évaluation a lieu dès l’admission dans l’institution puis se renouvelle régulièrement tout au long du séjour, respectivement du processus de rétablissement.

Cette démarche vise à élaborer un programme individuel documenté, personnalisé et adapté à chaque situation, ici et maintenant. Elle permet de définir les moyens qui répondent le plus adéquatement aux attentes de la personne dans le cadre de l’offre possible proposée, et avec le souci des critères d’économicité qui en découlent.

La volonté et l’engagement à changer sont fondamentaux ; pas la capacité à changer.

Enfin, elle permet la mesure de la satisfaction de la personne concernée, en regard des prestations délivrées par les divers intervenants.

Dans la pratique et très concrètement, la démarche d’investigation est conduite au moyen de l’Echelle Lausannoise d’Auto-évaluation des Difficultés et des Besoins : ELADEB.

Habiletés sociales

Les habiletés sociales relationnelles sont « les pratiques pour faire face » aux situations qui interviennent dans toute rencontre sociale, au sein de toute communauté ou tout environnement. Elles sont en fait des comportements spécifiques adéquats qui permettent à la personne de communiquer avec exactitude ses émotions et ses besoins, et de réaliser ses objectifs relationnels. Ceci tant dans le cadre privé au sens large du terme, que dans le cadre professionnel. Elles permettent la réalisation d’objectifs relationnels réciproques.
A titre d’exemples : se faire des amis, participer à la vie associative, résoudre un conflit.

Habituellement ces pratiques sont acquises naturellement et spontanément par la « socialisation » quand l’enfant mûrit psychologiquement, au cours de l’adolescence puis à l’âge adulte. Les habiletés sont intégrées par les personnes, qui sont rarement conscientes d’avoir appris un répertoire comportemental complexe consistant en une combinaison de petits éléments tels que le contact visuel et les gestes des mains.

Pour préparer certaines situations socialement nouvelles ou qui présentent un défi, il n’est pas rare que les personnes répètent ce qu’elles vont dire, allant jusqu’à s’exercer en présence de tiers. D’autant plus, pour quelqu’un atteint dans sa santé psychique, ces comportements sont acquis et développés dans le cadre d’un entraînement spécifique, apprentissage qui porte sur :

Les pratiques de perceptionQui permettent de saisir et percevoir correctement une situation sociale
Les pratiques
d’élaboration
Qui guident pour choisir le style de la réponse, son contenu mais aussi le lieu et le moment ; ceci nécessite une aptitude à pouvoir résoudre un problème social
Les pratiques d’émissionQui seront utilisées pour l’exécution de la réponse, à savoir le contenu verbal, ou ce qui sera dit, ainsi que la façon dont la réponse sera transmise aux autres
Mot clé pour les habiletés sociales relationnelles : interaction affective (émotions).

Les habiletés sociales utilitaires sont « les pratiques pour faire face » à l’accomplissement de tâches productives nécessaires à la réalisation d’actes courants de la vie quotidienne, toute communauté ou tout environnement confondus, avec interaction sociale.
A titre d’exemples : faire des achats, demander un renseignement, prendre un rendez-vous.

Mot clé pour les habiletés sociales utilitaires : interaction opérative (objet tiers).

Les habiletés sociales instrumentales sont « les pratiques pour faire face » à des tâches essentiellement « techniques », sans interaction sociale.
A titre d’exemples : se raser, faire la vaisselle, se confectionner un repas ou effectuer une tâche spécifique dans le cadre d’un emploi en atelier.

Mot clé pour les habiletés sociales instrumentales : actes techniques.

L’apprentissage et l’entraînement des habiletés sociales permettent de minimiser les symptômes de la maladie.

Thérapies cognitives des symptômes psychotiques

Ces approches visent à modifier les convictions que la personne a construites sur la base de son expérience psychotique et / ou de ses biais cognitifs. Elles sont centrées sur la personne cherchant à comprendre sa représentation du monde, centrées sur le processus plutôt que sur le résultat, aidant la personne à revoir les événements sous d’autres angles, construites dans le cadre d’une relation» collaborative qui procède par expérimentation.
Environnements alternatifs

Pour une grande partie des personnes atteintes dans leur santé psychique il est nécessaire d’évoluer dans des lieux de vie ou de travail offrant un environnement général protecteur.
Les résidences institutionnelles ou les appartements protégés, tout comme les ateliers à emplois protégés peuvent constituer ces lieux de vie ou de travail alternatifs. En leur sein, les demandes et les pressions exercées sur la personne sont adaptées à chaque situation individuelle.
L’aménagement de soutiens compensatoires spécifiques y est également pratiqué dans les ateliers d’application du secteur de la logistique, ainsi qu’au sein du secteur de l’administration et des finances.

Dans des environnements résidentiels ou professionnels hors cadre institutionnel, des soutiens compensatoires spécifiques peuvent également être proposés, comme l’assistance ponctuelle en appartements privés ou le soutien à l’emploi en économie libre.

Compétence sociale

Finalement, l’utilisation que fait la personne des habiletés sociales apprises lui donne ce que l’on nomme la compétence sociale, c’est-à-dire la capacité à vivre une vie riche et pleine dans la communauté ou l’environnement de son choix, tout en bénéficiant d’une intervention aussi réduite que possible de la part des professionnels.
Projet

Le projet est un comportement orienté intentionnellement vers un but. Il s’agit d’une conduite personnelle qui concrétise la pensée de son auteur vers un futur désiré à faire advenir, et qui communique cette pensée aux acteurs périphériques.

Il n’y a de projet que pour un acteur individuel capable de se positionner en auteur, c’est-à-dire d’unifier au sein de son projet conception et réalisation. Par analogie à la capacité de discerner au sens de la loi, on part toujours du postulat que l’auteur du projet dispose pleinement des habiletés et des attitudes requises pour lui permettre d’agir directement et librement au sein de son projet.